Copyright Alfu, 1996

Sont cités dans cette bibliographie les parutions préoriginales des romans en feuilletons, leur première édition en librairie et une ou deux éditions récentes, généralement disponibles à la vente.
Sauf indication contraire, le lieu d’édition est Paris.
L’édition la plus récente est celle de Laffont, collection “Bouquins”, dirigée par Francis Lacassin, et qui comprend à ce jour six volumes (qui sont rappelés ci-dessous par leur numéro d’ordre) :
I. Gaston Leroux, 1984 ; II. Gaston Leroux, Les Aventures extraordinaires de Rouletabille reporter, vol. 1, 1988 ; III. Gaston Leroux, Les Aventures extraordinaires de Rouletabille reporter, vol. 2, 1988 ; IV. Gaston Leroux, Chéri-Bibi, 1990 ; V. Gaston Leroux, Aventures incroyables, 1992 ; VI. Gaston Leroux, Les Assassins fantômes, 1993.

(1) 1897. UN HOMME DANS LA NUIT (Roman)

L’Homme de la nuit [signé Gaston-Georges Larive]. Le Matin, 5 déc. 1897 - 14 mars 1898.  — Un Homme dans la nuit [signé Gaston Leroux]. Le Radical, 20 mars - 29 juin 1910.  — Fayard, “Le Livre Populaire” n°75, 1911.  — Presses de la Renaissance, 1977 [épilogue différent].

Aux Etats-Unis, le « roi de l’huile  » Jonathan Smith est frappé à mort par Mary, la jeune orpheline qu’il a recueillie et comptait épouser, et Charley, son secrétaire, amant de la jeune fille. Le couple lui vole une invention avec laquelle il va faire fortune. Dans le même temps, Smith, sauvé par des Indiens, prépare sa vengeance et élève dans ce but son fils William. Vingt ans plus tard, à Paris, devenu l’Homme de la Nuit, Smith entreprend de torturer moralement Mary et Charley ainsi que leur fils Pold et leur fille Lily. Il jette le père et le fils dans les bras de la même femme, Diane, tandis qu’il s’impose auprès de Mary et offre Lily à William. L’entreprise se termine dans un bain de sang qui coûte la vie à Charley. Et finalement, c’est dans le cadre d’une vente de charité, le Bazar des Fiancées, que Smith provoque un incendie qui doit clore sa vengeance. Mais son fils le trahit par amour pour Lily et sauve ses victimes.

Paru en feuilleton dans Le Matin sous le pseudonyme de Gaston-Georges Larive, ce premier roman est visiblement inspiré du Comte de Monte-Cristo, même si sa thématique réelle s’en éloigne beaucoup. On y trouve déjà une galerie de personnages fort riche. Et la séquence finale est basée sur un drame authentique dont Leroux fut témoin au début de la même année et qui l’a profondément marqué.
 

(2) 1901. SUR MON CHEMIN (Articles)

Flammarion, 1901.

Anthologie de chroniques parues dans Le Matin, ayant pour thème la justice, les spectacles, le voyage officiel en Russie...
 

(3) 1903. LA DOUBLE VIE DE THÉOPHRASTE LONGUET (Roman)

Le Chercheur de trésors. Le Matin, 5 oct. - 22 nov. 1903.  — La Double vie de Théophraste Longuet. Flammarion, 1904 [révisé].  — Verviers : Nouvelles Ed. Marabout, “Bibliothèque Marabout” n°1050, 1978.  — Dans “Bouquins” III.

Leroux raconte l’histoire authentique de Théophraste Longuet qui lui a fait parvenir son testament. Longuet s’est peu à peu retrouvé dans la peau de Cartouche, le célèbre bandit qui ensanglanta Paris au XVIIIe siècle. Il revisite un à un les lieux de « ses  » anciens exploits et revit dans sa chair l’arrestation et le supplice du bandit dont, pour finir, il réédite les exploits. Entre-temps, il aura accompagné le commissaire Mifroid dans les catacombes où vit la colonie des Talpas, coupée du reste du monde depuis cinq siècles.

Chargé de rédiger un roman-concours pour Le Matin, Leroux exploite ses thèmes préférés dans un roman protéiforme  roman d’enquête, roman historique, utopie  dominé par le thème majeur de son œuvre : le double, où la complexité qui va faire la force de ses principaux romans reste encore éclatée. Dans sa version actuelle, le roman est allégé des passages destinés spécifiquement au concours.
 

(4) 1904. LES HÉROS DE CHEMULPO (Articles)

Juven, 1904.

Reprise des reportages publiés dans Le Matin en février 1904 à partir de la rencontre à Port-Sad avec les survivants russes à l’attaque du port de Chemulpo par les Japonais.
 

(5) 1907. BAÏOUCHKI BAÏOU (Nouvelle)

Le Matin du 2 janv. 1907.  — Dans le n°8 des Cahiers semestriels du Cercle Gaston Leroux, 2e semestre 1981.

A Moscou, au cours des événements révolutionnaires, les parents d’un jeune étudiant étranger à tout engagement politique ne peuvent empêcher son arrestation par la police et son exécution.
 

(6) 1907. LA MAISON DES JUGES (Théâtre)

Pièce en 3 actes créée à l’Odéon, le 26 janvier 1907.  — L’Illustration Théâtrale n°32, 2 mars 1907.

Les Lamarque, juges depuis des générations, vont fêter le centenaire de l’Ancêtre. Mais celui-ci est accusé, preuves à l’appui, d’avoir condamné à mort autrefois trois innocents. A son fils et ses deux petits fils qui représentent pour lui les trois premières étapes morales par lesquelles il est passé dans sa carrière, il avoue effectivement qu’il a dû atteindre une quatrième étape où il a condamné non plus au nom des principes mais seulement en tant que soldat de la société. A sa mort, ses descendants veulent crier la vérité pour rester fidèles à leur conception de la justice.

Cette pièce, la seule dont Leroux soit l’unique auteur, est un plaidoyer dans lequel il résume toutes ses idées sur le fonctionnement de la justice. Il y mêle adroitement le rôle public et le drame intime dans une galerie de personnages illustrant chacun un des principaux points sur lesquels il faut, selon lui, débattre de ce mécanisme si fragile de notre société.
 

(7) 1907. LE MYSTÈRE DE LA CHAMBRE JAUNE (Roman)

Supplément littéraire de L’Illustration, 7 sept. - 30 nov. 1907.  — Pierre Lafitte, 1908.  — LGF, “Le Livre de Poche” n°547, 1960 (plusieurs rééd.).  — Dans “Bouquins” II.

Le jeune reporter Joseph Joséphin, dit Rouletabille, enquête au château des Glandiers où l’on a retrouvé, dans sa chambre hermétiquement close, Mathilde, la fille du Pr Stangerson, blessée à la tête à la suite d’un coup de feu. Le célèbre détective Frédéric Lasan conduit déjà les investigations officielles. Affirmant qu’il faut prendre « la raison par le bon bout  », Rouletabille, épaulé par son ami avocat Sainclair, accumule les indices. Et c’est au cours du procès de Robert Darzac, le fiancé de Mathilde accusé de la tentative de meurtre, que le reporter, de retour des Etats-Unis, dénonce Larsan, qui n’est autre que Ballmeyer, bandit notoire, et ancien époux de Mathilde, et a voulu compromettre son rival dans diverses manœuvres criminelles. C’est lui qui a agressé la jeune femme plusieurs heures avant que, dans un cauchemar, elle ne s’enferme elle-même et fasse feu de son arme.

Grand classique de la littérature policière d’énigme, ce roman est le premier « grand  » roman de Leroux qui l’a rendu mondialement célèbre. Il a été adapté au théâtre puis au cinéma (et à la télévision). Comme le dit Roland Lacourbe : « Après les tentatives de Poe et l’innovation de Conan Doyle, Gaston Leroux apporte une pierre fondamentale à l’édifice.  » L’année suivante, il lui donne une suite : Le Parfum de la dame en noir.
 

(8) 1908. L’HOMME QUI A VU LE DIABLE (Nouvelle)

Je Sais Tout n°38, 15 mars 1908.  — LGF, “Le Livre de Poche” n°3378, 1972 (précédé de Le Cœur cambriolé).  — Dans “Bouquins” V.

Des voyageurs surpris par l’orage se réfugient chez un homme qui a autrefois passé un pacte avec le diable afin de gagner au jeu. Repenti, il attend vainement que son pacte cesse. Or, cette nuit là, le diable revient mais il empêche le héros de l’accueillir.

Cette nouvelle à consonance fantastique est centrée sur le thème du jeu si crucial dans la vie de Leroux. Elle sera adaptée au théâtre.
 

(9) 1908. LE PARFUM DE LA DAME EN NOIR (Roman)

Supplément littéraire de L’Illustration, 26 sept. 1908 - 2 janv. 1909.  — Pierre Lafitte, 1909.  — LGF, “Le Livre de Poche” n°587, 1960 (plusieurs rééd.).  — Repris dans “Bouquins”, II.

Robert Darzac et Mathilde, mariés, acceptent l’invitation de leurs amis Rance qui habitent une vieille forteresse italienne proche de la frontière française. Mais bientôt, ayant aperçu Ballmeyer alias Larsan, ils appellent à leur secours Rouletabille qui arrive en compagnie de son ami Sainclair auquel il a avoué être le fils de Mathilde et de Ballmeyer. Le reporter organise aussitôt la défense du château. Et très vite il se voit confirmer que Darzac a tué un intrus qui n’était autre que Larsan. Mais, pour finir, il démasque le faux-Darzac, alias Larsan, qui s’empoisonne, alors que lui-même est allé délivrer le vrai, retenu dans un asile psychiatrique. Les jeunes mariés peuvent poursuivre leur voyage de noces et Rouletabille partir pour un reportage en Russie...

Suite du Mystère de la chambre jaune, également en lieu clos  mais avec un corps de trop (deux Darzac) au lieu d’un corps de moins (l’assassin absent de la chambre jaune) , ce roman évoque également l’enfance de Rouletabille et le parfum de sa mère. Leroux, outre qu’il joue toujours avec le double et les situations paradoxales, n’évacue pas encore l’héritage familial du roman populaire, symbolisé par les « croix de sa mère  ».
 

(10) 1908. LE ROI MYSTÈRE (Roman)

Le Matin, 24 oct. 1908 - 9 fév. 1909.  — Fayard, “Le Livre Populaire” n°58, 1910.  — Nouvelles Ed. Baudinière, “La Bibliothèque des Terribles”, 1977.

Sous la triple identité de Robert Pascal, jeune artiste-peintre, du comte Teramo-Girgenti et du Roi des Catacombes (ou Roi Mystère), régnant sur une armée souterraine prête à lutter contre la Société, un jeune homme se venge des trois hommes ambitieux, le procureur Sinnamari, le directeur de l’Assistance Publique Grimm et le colonel Régine, chef de cabinet du ministre de la Guerre, qui parièrent un jour de séduire une femme honnête. Son mari, voulant la défendre, fut compromis dans un meurtre et guillotiné ; elle-même, en tentant de se venger, fut séquestrée et violée, puis mourut. Les trois bourreaux finissent par mourir à leur tour de folie ou de faim au fond d’un cachot, et l’Américain Macallan, instigateur du Roi Mystère, peut désormais disparaître puisqu’est clos le roman vivant, inspiré d’Alexandre Dumas, qu’il a entièrement construit après avoir eu connaissance du crime des trois hommes.

C’est dans ce roman que Leroux rend directement hommage à ses grands aînés auxquels il fait plus d’un clin d’œil : Dumas, Féval, Ponson. Par cette mise en abyme d’un des romans les plus célèbres du siècle précédent, il effectue en même temps cet « enterrement  » nécessaire au passage à une autre époque. Mais tout son talent personnel n’en est pas moins présent dans ce copieux volume où désormais règne la complexité qu’il affectionne, avec ses rebondissements, ses quiproquos, ses appels aux lecteurs.
 

(11) 1909. LE LYS (Théâtre)

Pièce en 4 actes créée au Vaudeville le 18 décembre 1908.  — L’Illustration Théâtrale n°111, 22 février 1909.  — Fasquelle, 1909.

Christiane est accusée d’avoir déshonoré sa famille par sa liaison avec le peintre Arnault, leur voisin séparé de sa femme mais non divorcé. Sa sœur Odette, plus âgée et qui a été condamnée à rester vieille fille, prend sa défense et accuse l’égosme de leur père qui, lui, ne voit pas de mal à mener une vie légère. Plus tard, en Italie, Odette continue à soutenir l’amour de sa sœur  qui pourra finalement épouser le peintre qui a obtenu le divorce  même si celui-ci empêche le mariage de leur frère.

Les lys sont ces jeunes filles que leur famille à la morale rigide condamnent à refuser l’amour et à n’avoir pour avenir qu’un mariage imposé par les parents. Dans cette pièce, écrite avec un auteur déjà chevronné, Pierre Wolff, Leroux milite pour l’émancipation féminine.
 

(12) 1909. LE FAUTEUIL HANTÉ (Roman)

Je Sais Tout n°58 (nov. 1909) à 63 (avril 1910).  — Pierre Lafitte, 1911 (suivi de L’Homme qui a vu le diable).  — LGF, “Le Livre de Poche” n°1591, 1965 (plusieurs rééd.).  — Dans “Bouquins” VI.

Trois académiciens meurent coup sur coup de mort mystérieuse et la Coupole s’inquiète. Le secrétaire perpétuel se retrouve à cours de candidat et se rabat sur Lalouette, dont il ignore encore qu’il ne sait ni lire ni écrire (il a dicté les livres dont il est l’auteur). On craint en fait Eliphas de Saint-Elme de la Nox, qui se dit mage et aurait menacé quiconque prendrait sa place. Mais le coupable est l’académicien Loustalot, savant par personne interposée.

Petit roman par la taille, ce texte de Leroux est surtout une occasion pour lui de « régler ses comptes  » avec l’Académie et ce qu’elle représente. Sous couvert d’un petit récit policier, il s’agit surtout d’un pamphlet contre les institutions intellectuelles auxquelles il s’était souvent attaqué en tant que journaliste.
 

(13) 1910. LE FANTÔME DE L’OPÉRA (Roman)

Le Gaulois, 23 sept. 1909 - 8 janv. 1910.  — Pierre Lafitte, 1910.  — LGF, “Le Livre de Poche” n°509, 1959 (plusieurs rééd.).  — Dans “Bouquins” I.

Désormais un fantôme hante le célèbre Palais Garnier. Et il a des exigences précises auprès des directeurs qui, en ne les satisfaisant pas, sont responsables de catastrophes comme la chute du grand lustre sur la salle comble. Dans le même temps, la jeune cantatrice Christine Daaé repousse son ami Raoul de Chagny, amoureux d’elle, pour fréquenter un mystérieux personnage, nommé Erik. Mais elle lui avoue bientôt ses relations, animées par la pitié, avec cet homme qui habite les sous-sols de l’Opéra et lui a enseigné le chant. Enlevée par lui, elle ne doit son salut qu’à l’intervention de Raoul, guidé par le Persan, celui qui en Perse a sauvé Erik, architecte et magicien, devenu entrepreneur de Garnier, et cachant sous un masque sa laideur pour se faire aimer.

Le Fantôme de l’Opéra est sans doute le roman le plus célèbre de Leroux, souvent adapté au cinéma, et même pour un ballet. C’est pourtant loin d’être le plus captivant, le plus riche. Il reste comme une œuvre de jeunesse qui aurait été publiée tardivement. Une œuvre inspirée par un lieu mythique de Paris, cet Opéra aux sous-sols si mystérieux.
 

(14) 1910. LA REINE DU SABBAT (Roman)

Le Matin, 18 août 1910 - 31 janv. 1911.  — Fayard, “Le Livre Populaire” n°96, 1913.  — LGF, “Le Livre de Poche” n°5311, 1979.  — Dans “Bouquins” I.

Dans un empire austro-hongrois « décalé  », aux prises avec la révolte de ses minorités, dont celle des tziganes, de faux-vrais rois, reines, empereurs et impératrices, princes en tous genres se livrent une affreuse bataille sur fond de vengeance. Des héros beaucoup plus modestes sont pris dans le tourbillon de cette épopée grouillante où chacun se cache sous diverses identités et masque le plus longtemps possible ses véritables intentions. La fille naturelle d’un tzigane, pour se venger de son père officiel, couronné et meurtrier du premier, devient la reine des bohémiens, mais aussi membre d’une société secrète, les « deux heures et quart  », et égérie de la révolte contre l’empire. Et, pour finir, si certains meurent, la plupart se marieront.

On ne peut donner qu’une idée vague de ce roman, le plus long et le plus riche de tous ceux de Leroux. Sa complexité en fait un monument que plusieurs lectures n’épuisent pas. C’est une œuvre qui peut décourager ou, au contraire, laisser pantois d’admiration. Jean Rollin, pour sa part, estime : « Il est impossible d’imaginer un roman dépassant celui-là. Entendons, pas seulement un roman d’aventures, mais n’importe quelle sorte de roman.  » L’auteur utilise pour la première fois ses connaissances des traditions tziganes (qui seront encore au centre de Pouloulou et donc de Rouletabille chez les bohémiens), auxquelles il mêle des réminiscences historiques sur l’Autriche-Hongrie, et développe au paroxysme son thème crucial du double.
 

(15) 1911. LE DÎNER DES BUSTES (Nouvelle)

Une Histoire épouvantable. Excelsior, 29 janv. - 2 fév. 1911.  — Le Dîner des bustes. Inclus dans Histoires épouvantables (Nouvelles Ed. Baudinière, 1977).  — Dans “Bouquins” V.

Un voisin trop curieux est convié au dîner d’une bande d’anciens naufragés qui, annuellement, renouvellent leur expérience de repas à base de chair humaine ; il y laisse un bras.

Leroux propose dans cette nouvelle un récit cruel mais parfaitement maîtrisé.
 

(16) 1911. BALAOO (Roman)

Le Matin, 9 oct. - 18 déc. 1911.  — Tallandier, 1912.  — Presses de la Renaissance, 1977.  — Dans “Bouquins” III.

Le Dr Coriolis a ramené d’Indonésie Balaoo, un anthropopithèque (intermédiaire entre l’homme et le singe) qu’il a traité de manière à en faire un homme. Mais Balaoo est amoureux de sa fille Madeleine et, conservant une force extraordinaire, tue ses rivaux. On le retrouve plus tard à Paris où Coriolis lui fait faire son droit. Mais le mariage de Madeleine provoque à nouveau la colère de Balaoo que le savant, avouant son échec, décide de livrer aux autorités. Finalement c’est Balaoo qui le ramènera en Indonésie où Coriolis régressera.

Œuvre de la veine didactique, mais également humoristique, ce roman propose un héros attachant dont l’auteur se dira le plus fier. Les thèses progressistes sont mises en balance et, comme pour Frankenstein, la condamnation du Prométhée est sans ambages.
 

(17) 1912. LA HACHE D’OR (Nouvelle)

Touche à Tout (Fayard) 5e année, n°2, fév. 1912.  — Dans Histoires épouvantables (Nouvelles Ed. Baudinière, 1977).  — Dans “Bouquins” V.

Une vieille femme raconte comment, jeune épousée, elle découvrit avec effroi que son mari exerçait la profession de bourreau.

Courte nouvelle basée sur le quiproquo : la jeune femme croyait que son mari était un assassin.
 

(18) 1912. LE MYSTÈRE DE LA CHAMBRE JAUNE (Théâtre)

Pièce en 5 actes créée à L’Ambigu le 14 février 1912.  — L’Illustration Théâtrale n°208, 23 mars 1912.  — Repris dans “Bouquins” V.

Adaptation pour la scène du roman homonyme.
 

(19) 1912. L’ÉPOUSE DU SOLEIL (Roman)

Je Sais Tout n°86 (mars 1912) à 91 (août 1912).  — Pierre Lafitte, 1913.  — Verviers : Nouvelles Ed. Marabout, “Bibliothèque Marabout” n°1051, 1978.

L’académicien Ozout et son neveu Raymond arrivent au Pérou où ils vont devoir partir à la recherche de la jeune Marie-Thérèse, fille du riche marquis de la Torre, que les Indiens veulent sacrifier selon leurs coutumes ancestrales, car elle est désignée comme épouse du Soleil. Au terme d’une course-pèlerinage sur les lieux de la conquête espagnole quelques siècles plus tôt, Raymond récupère sa fiancée grâce à l’aide d’un Indien amoureux d’elle qui se sacrifie.

Didactique, ce roman évoque avec grande précision l’histoire de la conquête du Pérou par Pizarre et ses 168 hommes. Il s’agit d’une des deux œuvres réellement exotiques de Leroux.
 

(20) 1912. ROULETABILLE CHEZ LE TSAR (Roman)

Supplément littéraire de L’Illustration, 3 août - 19 oct. 1912.  — Pierre Lafitte, 1913.  — LGF, “Le Livre de Poche” n°858, 1962 (plusieurs rééd.).  — Dans “Bouquins” II.

Rouletabille accepte de se rendre en Russie chez le général Trebassof, gouverneur de Moscou, condamné à mort par les nihilistes. Il enquête aussitôt sur les attentats fomentés contre lui. Et il finit par découvrir l’alliance secrète de la fille du général avec les nihilistes qui acceptent de lui laisser la vie contre sa fortune en héritage. Une alliance qu’il encourage, pensant qu’à la mort du général, les nihilistes ne seront plus grand’chose.

Truffé d’anecdotes authentiques recueillies sur place par l’auteur lors de ses séjours en Russie, ce roman est le troisième du « cycle  » Rouletabille. Il s’agit encore avant tout d’une œuvre de détection, même si l’aventure commence à prendre une place importante (Rouletabille est enlevé par les nihilistes).
 

(21) 1912. L’HOMME QUI A VU LE DIABLE (Théâtre)

Pièce en 2 actes créée au Grand-Guignol le 17 décembre 1911.  — L’Illustration Théâtrale n°220, 24 août 1912.  — Repris dans “Bouquins” V.

Adaptation pour la scène de la nouvelle homonyme.
 

(22) 1913. ALSACE (Théâtre)

Pièce en 3 actes créé au Théâtre Réjane le 10 janvier 1913.  — La Petite Illustration n°2, 8 mars 1913.  — Pierre Lafitte, 1916.

Le fils d’une vieille famille alsacienne dont les parents ont été chassés d’Alsace pour avoir ouvertement manifesté leur amour pour la France, épouse une Allemande, Gretchen. Sa vie devient insupportable au son des défilés de régiments allemands et sous le feu des remarques de sa belle famille et de leurs amis. Il ne supporte pas non plus l’intimité d’un cousin auprès de Gretchen. Et lorsque sa mère lui rend visite et le réclame, c’est un mourant qu’elle accueille dans ses bras car il vient de se battre pour défendre le drapeau français.

Cette pièce que Leroux a écrite en collaboration avec un Alsacien, Camille Dreyfus, qui l’a introduit sur place dans plusieurs familles alsaciennes, est un hymne au patriotisme français et une dénonciation fort lourde de la brutalité et de la grossièreté allemande telle qu’elle était comprise en France à la veille du premier conflit mondial.
 

(23) 1913. PREMIÈRES AVENTURES DE CHÉRI-BIBI (Roman)

Chéri-Bibi. Le Matin, 7 avril - 4 août 1913.  — Fayard, “Le Livre Populaire” n°111, 1914.  — Les Cages flottantes & Chéri-Bibi et Cécily. Deux vol. LGF, “Le Livre de Poche” n°4088 & 4089, 1974.  — Dans “Bouquins” IV.

Le terrible Chéri-Bibi réussit, avec ses compagnons d’infortune, à se rendre maître du navire qui le conduit au bagne de Cayenne. Il raconte qu’il a été accusé à tort du meurtre du marquis du Touchais dont le fils a épousé Cécily, la fille de son patron, dont il était lui-même fort amoureux. Or, le jeune marquis, qui trompe sa femme, passe avec son yacht à proximité du navire. Chéri-Bibi le fait prisonnier et procède à un échange de personnalité : il devient le marquis du Touchais. Hélas, de retour en France, Chéri-Bibi doit non seulement affronter à mort ses anciens complices, mais apprendre que l’assassin du marquis est... son fils, donc désormais lui-même ! Il lui faut par conséquent disparaître.

Ces premières aventures du second grand personnage de Leroux jouent à fond sur le dédoublement et le quiproquo. Le thème du bagnard, lui, est fréquent dans la « littérature populaire  » (toutefois, désormais, le bagne n’est plus à Toulon mais à Cayenne via l’île de Ré). Le changement de peau opéré par Chéri-Bibi pourrait classer cette œuvre dans le registre de la science-fiction, mais le thème dominant reste policier.
 

(24) 1914. ROULETABILLE À LA GUERRE (Roman)

Le Matin, 28 mars - 2 août & 18-24 oct. 1914.  — Le Château noir & Les Etranges noces de Rouletabille. Deux vol. Pierre Lafitte, 1916.  — Deux vol. LGF, “Le Livre de Poche” n°3506 & 3661, 1973.  — Dans “Bouquins” I.

Rouletabille est en Bulgarie pour « couvrir  » la guerre des Balkans, en compagnie de son collègue La Candeur et de son interprète Vladimir. Il retrouve la belle Ivana, qu’il a connue à Paris, et qui se dit menacée par un certain Gaulow dont il apprend bientôt qu’il a dérobé les plans secrets de mobilisation. Le reporter part donc avec ses amis pour le repaire de Gaulow, le Château noir. Faits prisonniers, ils doivent y soutenir un siège pour finalement voir Ivana laisser s’enfuir Gaulow qui rejoint les Turcs alors que les combats font rage. Au terme d’une nouvelle course-poursuite, Rouletabille peut tuer Gaulow, récupérer les documents et... Ivana qui craignait de devoir épouser son cousin Athanase à qui elle était promise s’il tuait Gaulow ! A Paris Rouletabille épouse Ivana.

Ce double volet des aventures du célèbre reporter est le plus proche du roman d’aventures  avec déjà un thème d’espionnage  que du roman purement policier. Rouletabille y apparaît dans une nouvelle dimension : amoureux et flanqué de deux comparses. La Bulgarie, et surtout la Turquie, sont dépeintes par Leroux grâce à sa fréquentation du monde musulman en Afrique du Nord.
 

(25) 1916. CONFITOU (Roman)

Le Flambeau n°28 (4 déc. 1915) à 33 (8 janv. 1916) [incomplet]  — Le Matin, 16 janv. - 15 fév. 1916.  Pierre Lafitte, 1917.  — Ed. Jeanne Gaston-Leroux, “Gaston Leroux” n°24, 1931.

Le jeune Confitou, fils d’un père français et d’une mère allemande, et plutôt enclin à suivre l’exemple de sa mère, change totalement de sentiments lorsque les Allemands envahissent son village. Il va même prendre les armes pour trahir sa mère et son oncle, officier allemand, et libérer le village de l’occupation.

Ce texte est un court roman qui a commencé à paraître dans Le Flambeau, un hebdomadaire lancé par Le Matin en 1915 mais qui disparaîtra très vite. Repris en feuilleton quotidien, il inaugure les textes « de guerre  » de Leroux qui monte au front littéraire. Le thème des otages fusillés par les Allemands est déjà au centre de l’œuvre.
 

(26) 1916. LA COLONNE INFERNALE (Roman)

Le Matin, 29 avril - 8 sept. 1916.  — La Colonne infernale & La Terrible aventure. Deux vol. Fayard, “Les Maîtres du Roman Populaire” n°65 & 66, 1917.  — La Colonne infernale. Dans “Bouquins” VI.

Au premier jour de la guerre, un certain Stieber, héritier du célèbre Stieber, organisateur des services secrets allemands, apprend à Guillaume II que les plans qui devaient permettre de saboter la mobilisation française ont échoué à cause d’une femme, Monique Hanezeau, épouse d’un industriel alsacien pourtant à leur service. Monique découvre la trahison de son mari et le tue mais se refuse à prévenir leur fils Gérard devenu commandant d’une colonne française qui se bat sur les arrières de l’ennemi. Mais Stieber fait comprendre à Monique qu’elle doit céder à Guillaume, amoureux d’elle, si elle veut que le secret soit gardé. Dans le même temps, Gérard projette l’enlèvement de l’empereur et croit sa mère coupable de trahison. Finalement, il peut démanteler le réseau des espions allemands en territoire français, dont le « Faux Nom  », et apprend in extremis l’innocence de sa mère.

Ce long roman est une œuvre d’espionnage, situé dans les premiers mois de la guerre et basé sur l’infiltration d’espions en France avant le début du conflit. Le personnage de Guillaume II, omniprésent dans la littérature d’espionnage de l’époque y est caricaturé ; les atrocités allemandes y sont à nouveau dénoncées. Leroux se plaît enfin à jouer du quiproquo pour maintenir le suspense sur l’issue de la bataille entre les bons Français et les méchants Allemands.
 

(27) 1916. L’HOMME QUI REVIENT DE LOIN (Roman)

Le Monsieur qui revient de loin. Je Sais Tout n°127 (juin 1916) à 132 (janv. 1917).  — L’Homme qui revient de loin. Pierre Lafitte, 1917.  — LGF, “Le Livre de Poche” n°3470, 1972.  — Dans “Bouquins” V.

Jacques voit réapparaître son frère qu’il a assassiné pour s’approprier sa fortune. Sa femme Fanny découvre le crime mais ne croit pas au revenant. Poignardé par le fantôme, Jacques est ramené à la vie par deux médecins qui dominent le problème de la mort. Il mourra néanmoins de surprise en découvrant la disparition du cadavre d’un homme qui a en fait été soigné puis séquestré mais qui revient pour sauver ses enfants laissés à la garde du couple.

Seule œuvre non guerrière de la période, ce roman est basé sur le fantastique expliqué. Le suspense policier y est bien conduit et annonce quelques romans policiers classiques plus récents.
 

(28) 1917. ROULETABILLE CHEZ KRUPP (Roman)

Je Sais Tout n°142 (sept. 1917) à 148 (mars 1918).  — Pierre Lafitte, 1920.  — LGF, “Le Livre de Poche” n°3914, 1974.  — Dans “Bouquins” III.

Rouletabille est arraché aux tranchées pour se voir confier une mission d’espionnage qui consiste à se rendre en Allemagne pour délivrer un savant français avant qu’il ne livre sa terrible invention à l’ennemi. Le reporter part avec ses compagnons La Candeur et Vladimir et réussit son coup non sans avoir cru devoir sacrifier la fille du savant.

Le thème de ce roman sera très classique... trente-cinq ans plus tard. La mission confiée au plus haut échelon de l’Etat à un agent secret opérationnel pour soustraire à l’ennemi un savant et son invention dérobés à la nation, sera l’un des poncifs du genre dans l’espionnage de série des années 50. Leroux apparaît donc là comme un précurseur.
 

(29) 1917. AVENTURES EFFROYABLES DE M. HERBERT DE RENICH (Roman)

Le Sous-marin « Le Vengeur  » I. Les Anges des eaux & II. La Bataille invisible. Le Matin, 7 sept. 1917 - 12 fév. 1918.  — Le Capitaine Hyx & La Bataille invisible. Deux vol. Pierre Lafitte, 1920.  — Aventures effroyables de M. Herbert de Renich. Dans “Bouquins” V.

Herbert de Renich, citoyen luxembourgeois, toujours amoureux d’Amalia, pourtant devenue la femme du terrible amiral allemand von Treischke, se retrouve à bord du Vengeur, un sous-marin extraordinaire, conçu pour le plaisir mais surtout pour la guerre par un Américain masqué  car les Etats-Unis ne sont pas encore en guerre  qui, pour venger sa femme, souhaite châtier les crimes allemands « œil pour œil  » et fait ainsi subir les pires tortures à ses prisonniers. Herbert se retrouve mêlée à la Bataille invisible (parce qu’électrique) que se livrent les troupes de l’Américain et les Allemands autour d’un fabuleux trésor enfoui dans la baie de Vigo depuis le XVIIIe siècle. Il sera d’ailleurs le seul vainqueur de ce combat dans lequel périront à la fois l’amiral allemand et le Vengeur avec ses passagers. Mais il ne pourra épouser Amalia.

Vaste fresque rendant hommage à Jules Verne, ce roman de guerre fait appel à la science-fiction pour dénoncer une fois encore les (prétendues) atrocités allemandes. Le thème du combat subaquatique et du trésor est repris d’un projet d’aventure de Rouletabille que Leroux a abandonné pour « entrer en guerre ».
 

(30) 1918. LA GARE RÉGULATRICE (Théâtre)

Pièce en 3 actes créée au Théâtre de la Scala le 16 janvier 1918. — Non publiée.

Plichon, agent lyrique mobilisé, et son homonyme, le glorieux adjudant Plichon, chargé de présider aux destinées d’une gare régulatrice, se retrouvent confrontés dans des situations vaudevillesques et comiques.

Changeant de registre, puisque gagné par la comédie, Leroux affirme dans cette pièce, écrite avec Yves Mirande, sa personnalité par la présence d’un double nom, moteur de toute l’intrigue.
 

(31) 1919. NOUVELLES AVENTURES DE CHÉRI-BIBI (Roman)

La Nouvelle aurore. Le Matin, 18 avril - 7 août 1919.  — 16 fascicules hebdo. in “Les Romans-Cinéma” (La Renaissance du Livre), 12 oct. 1919 - 25 janv. 1920.  — Palas et Chéri-Bibi & Fatalitas ! Deux vol. Pierre Lafitte, 1921.  — Deux vol. LGF, “Le Livre de Poche” n°4090 & 4091, 1974.  — Dans “Bouquins” IV.

Chéri-Bibi réussit à s’évader du bagne de Cayenne en compagnie d’un autre condamné, Palas. Ce dernier prend l’identité de Raoul de Saint-Dalmas pour regagner l’Europe. Là, il épouse Françoise de la Boulays. Un certain Casimir veille sur le couple qui n’est autre que Chéri-Bibi ; mais d’anciens forçats évadés rôdent aussi autour d’eux. Et Casimir doit finalement venir au secours de Palas. En fait c’est le comte de Gorbio, l’authentique auteur du crime pour lequel Palas a été envoyé au bagne, qui mène les autres. Pour finir, les ennemis de Chéri-Bibi sont arrêtés ou tués. Mais Palas passe en procès. Aux dépens de sa propre liberté, Chéri-Bibi présente à la cour les preuves qu’il a récupérées et qui innocentent son ami.

Ce premier cinéroman écrit par Leroux fait réapparaître un Chéri-Bibi qui agit désormais essentiellement dans l’ombre. Une petite affaire de document secret et une question d’enfant non légitimé agrémentent une intrigue essentiellement basée sur un règlement de compte entre faux et authentiques malfaiteurs.
 

(32) 1920. LE CŒUR CAMBRIOLÉ (Nouvelle)

Je Sais Tout n°170, 15 janv. 1920.  — LGF, “Le Livre de Poche” n°3378, 1972 (suivi de L’Homme qui a vu le diable).  — Dans “Bouquins” V.

Hector épouse sa cousine Cordélia. Mais celle-ci n’a pas rompu son commerce d’âme avec le peintre anglais Patrick qui les suit jusqu’en Italie où les deux hommes se battent en duel. La balle d’Hector rencontre l’image de la jeune femme qui, blessée à distance, meurt. Plus tard, Hector ne compte pas laisser Patrick seul dans la mort avec Cordélia.

Cette longue nouvelle est le seul texte véritablement fantastique de Leroux. L’intrigue ne repose en effet sur aucun artifice qui rationaliserait le phénomène de dédoublement. Il s’agit donc d’une œuvre bien à part.
 

(33) 1920. TUE-LA-MORT (Roman)

Le Matin, 7 oct. - 30 déc. 1920.  — 13 fascicules hebdo. in “Les Chefs-d’Œuvre du Cinéma” (Jules Tallandier) n°18 (17 fév. 1921) à 30 (12 mai 1921).  — Tue-la-Mort : L’Auberge du Petit-Chaperon rouge & La Forge des Quatre-Chemins. Deux vol. Pierre Lafitte, 1923.  — Dans “Bouquins” VI.

Le contrebandier Tullamore, dit Tue-la-Mort, est le propriétaire de l’Auberge du Petit Chaperon rouge, surnom de sa fille Canzonette, souvent tenue par le couple Mahure. Un prêtre y arrive et se fait reconnaître de Tue-la-Mort comme étant le frère de sa femme qu’il a assassinée en la croyant à tort mère de l’enfant d’un autre. Pensant devoir laisser sa vie, le contrebandier organise un dernier gros coup pour mettre Canzonette matériellement à l’abri. Le coup réussit, tandis que le prêtre est tué, et Tue-la-Mort peut s’intéresser à la belle Diane qui le repousse pour épouser Antonio Ovilla. La rivalité semble impitoyable entre les deux hommes qui s’avèrent finalement... un seul et unique individu, piégé par Mahure, qui commettait des crimes sur son dos mais que Canzonette réussit à faire éliminer.

Deuxième cinéroman de l’auteur, ce roman est un brillant exercice de style sur le thème du double ; il évoque aussi celui de l’amour filial. Le personnage de Canzonette fut joué par Madeleine, la fille de Leroux. Histoire de contrebandiers, ce récit haut en couleur comporte des pages très poignantes, inhabituelles chez Leroux.
 

(34) 1921. LE SEPT DE TRÈFLE (Roman)

Le Matin, 9 sept.-1er déc. 1921.  — 13 fascicules hebdo. in “Les Chefs-d’Œuvre du Cinéma” (Jules Tallandier) n°54 (15 juin 1922) à 66 (14 sept. 1922).  — Le Sept de trèfle : L’Enfer parisien & Toujours plus au fond. Deux vol. Pierre Lafitte, 1924.  — Dans “Bouquins” VI.

L’artiste sculpteur Claude Michel tombe amoureux de la petite Lottie qu’il délaisse néanmoins bientôt pour la séduisante princesse Irène qui le fait accuser du meurtre de son vieux mari qu’elle a assassiné. Promis au bagne mais acquitté après découverte d’une preuve favorable, Claude retombe dans les bras de cette femme, au grand désespoir de Lottie. Le jeu de casino achève la perdition du sculpteur qui s’enfuit avec sa maîtresse en Italie où Lottie les poursuit en vain. Mais l’intervention d’un couple ami est efficace. Lottie finit par retrouver un Claude ayant surmonté l’emprise de la princesse qu’il a tuée.

Troisième cinéroman de Leroux, cette œuvre est très autobiographique, non seulement par le rapport du héros aux femmes, mais aussi au jeu, et dans des décors que l’auteur connaissait parfaitement. Des personnages secondaires non dépourvus d’humour agrémentent ce drame qui finit bien.
 

(35) 1921. LE CRIME DE ROULETABILLE (Roman)

Je Sais Tout n°191 (oct. 1921) & 192 (nov. 1921).  — Pierre Lafitte, 1923.  LGF, “Le Livre de Poche” n°4821, 1976.  — Dans “Bouquins” III.

Ivana est devenue la collaboratrice du Pr Boulenger qui semble devoir succomber à nouveau au charme destructeur de la belle Theodora. Aussi accepte-t-elle, en accord avec la femme du professeur, Thérèse, de se laisser courtiser. Rouletabille est un témoin consentant jusqu’à ce qu’on l’accuse de meurtre après la découverte, dans un hôtel particulier de Passy, des cadavres de Boulenger et d’Ivana. Il va en prison mais s’en évade pour réapparaître à son procès et y faire la preuve de la culpabilité deÉ Thérèse qui se suicide.

Avant-dernière aventure du célèbre reporter, ce roman renoue avec les enquêtes policières qui ont fait sa notoriété. Les procédés sont d’ailleurs assez semblables à ceux des deux premières aventures : découverte des faits, enquête sur place puis au loin et retour in extremis avec l’explication de toute l’affaire qui innocente le faux-coupable et confond le vrai.
 

(36) 1922. ROULETABILLE CHEZ LES BOHÉMIENS (Roman)

Le Matin, 4 oct. - 14 déc. 1922.  — 15 fascicules hebdo. in “Les Chefs-d’Œuvre du Cinéma” (Jules Tallandier).  — Le Livre des Ancêtres & La Pieuvre. Deux vol. Pierre Lafitte, 1923.  — Rouletabille chez les Bohémiens. LGF, “Le Livre de Poche” n°4184, 1975.  — Dans “Bouquins” III.

Jean de Santierne, ami de Rouletabille, doit quitter sa maîtresse bohémienne Callista pour épouser Odette de Lavardens. Alors que les Saintes-Maries-de-la-Mer reçoivent l’assemblée annuelle des bohémiens, Odette est enlevée et son père assassiné. Rouletabille enquête et prouve l’innocence de l’ami d’enfance Hubert de Lauriac, rival de Jean. Puis, en compagnie des deux hommes, il se rend jusqu’en Transbalkanie pour récupérer la jeune fille, faussement reconnue comme la reine des bohémiens pour éviter la vengeance de Callista. Il semblera devoir lutter contre la diabolique Mme de Meyrens, dite la Pieuvre, qui n’est autre que... le reporter lui-même ! Finalement Jean pourra épouser Odette et Rouletabille « tuer  » Mme de Meyrens.

Quatrième et dernier cinéroman de Leroux, cette ultime aventure de Rouletabille est sans doute le chef-d’œuvre de l’auteur sur le thème du double. L’action située dans l’univers des bohémiens rappelle évidemment La Reine du sabbat et est en fait une reprise de Pouloulou, le roman resté inédit à la mort de l’auteur.
 

(37) 1923. LA POUPÉE SANGLANTE (Roman)

La Poupée sanglante : I. La Sublime aventure de Bénédict Masson & II. Gabriel. Le Matin, 1er juil. - 19 sept. 1923.  — La Poupée sanglante & La Machine à assassiner. Deux vol. Tallandier, 1924.  — Deux vol. LGF, “Le Livre de Poche” n°4726 & 4727, 1976.  — Dans “Bouquins” V.

Bénédict Masson est amoureux de la belle Christine, fille du vieil horloger Norbert qui a construit un automate baptisé Gabriel. Quand on le trouve en train de brûler le cadavre d’une femme, on l’accuse de meurtre et il est guillotiné. Or, peu après, Gabriel prend véritablement vie grâce au cerveau de Masson et enlève Christine. Jacques, le fiancé de la jeune fille, part à sa recherche et la retrouve ; Gabriel a préféré disparaître car il ne sera jamais un homme véritable.

La Poupée sanglante est pour beaucoup le roman fantastique de Gaston Leroux. Effectivement, l’auteur fait appel à la thématique du vampire (elle concerne des personnages secondaires) et au thème prométhéen de la création de l’homme par l’homme, réminiscence évidente de Frankenstein. Toutefois, fantastique ou de science-fiction, cette œuvre est à l’évidence pour Leroux avant tout un jeu.
 

(38) 1924. LES TÉNÉBREUSES (Roman)

Le Matin, 12 avril - 20 juil. 1924.  — Les Ténébreuses : La Fin d’un monde & Du sang sur la Néva. Deux vol. Tallandier, 1925.  — Dans “Bouquins” I.

Le grand duc Ivan aime la modeste Prisca et s’oppose à sa mère qui veut le voir épouser la fille du prince Khirkof. De plus, il dénonce l’attitude de Raspoutine qui entraîne les dames de la cour dans une secte où elles deviennent les Ténébreuses. Il reçoit l’aide de la Kouliguine, célèbre danseuse qui dirige un complot contre le tsar. Ivan et Prisca se réfugient en Finlande. Mais, quand Prisca est enlevée et promise à devenir une sœur des Ténébreuses, Ivan accuse à tort de trahison la Kouliguine. Il découvre aussi que le serviteur du tsar qui prépare sa mort n’est autre que son propre père qu’il n’a jamais connu. Finalement, il sauve le tsar et récupère Prisca, alors que la Kouliguine se suicide. Plus tard, il refusera de reprendre le trône des Romanov dont il est l’héritier.

Mélange de roman familial  le bâtard retrouve son père qu’il croyait mort  et sentimental  l’amour du prince pour la jeune fille pauvre  à la mode du roman populaire, et de roman historique, cette dernière grande œuvre (par la taille) de Leroux propose un retour dans cette Russie pré-révolutionnaire que l’auteur connaissait bien.
 

(39) 1924. LA FAROUCHE AVENTURE (Roman)

La Coquette punie. Le Journal, 25 juil. - 13 sept. 1924.  — La Farouche aventure ou La Coquette punie. Gallimard, “Les Chefs d’Œuvre du Roman feuilleton”, 1925.

Irène de Troie, de la Comédie-Française, effectue une tournée en Amérique du Sud. Au Brésil, un homme très riche, don Manoël de Carangola, s’éprend d’elle au point de s’imposer dans sa chambre où sa camériste Sylvie s’est substituée à elle. Elle est ensuite enlevée par Languéquétrou, propriétaire d’un magasin de mode mais également futur roi de Patagonie. Arrivée dans son royaume où elle est promise à devenir la reine, elle demande à nouveau à Sylvie de prendre sa place. Puis elle parvient à s’enfuir et retrouve Carangola qui barre la route à Languéquétrou. Elle rentre seule en France, mais voit bientôt ressurgir Carangolaqui finalement regagne le Brésil avec Sylvie, tandis que Languéquétrou rouvre son magasin de mode.

Leroux choisit le personnage d’une comédienne pour écrire une sorte de vaudeville mâtinée d’aventures exotiques. On repense à Marie-Thérèse, l’épouse du Soleil, mais en beaucoup moins sérieux car le côté caricatural des personnages ne fait aucun doute.
 

(40) 1924. HARDIGRAS ou LE FILS DE TROIS PÈRES (Roman)

Hardi-Gras. Le Journal, 19 fév. - 18 mai 1925.  — Le Fils de trois pères (Hardigras). Baudinière, [1926].  — Hardigras ou Le Fils de trois pères. Verviers : Nouvelles Ed. Marabout, “Bibliothèque Marabout” n°1055, 1979.

A Nice, Hyacinthe Supia, le directeur du grand magasin La Bella Nissa, se voit victime des forfaits du mystérieux cambrioleur Hardigras. Il demande son aide à Titin le Bastardon, fils d’une femme qui a été violée par trois hommes. Titin, qui est amoureux d’Antoinette, la fille de Supia, décide de retrouver ses trois pères. Bientôt on comprend qu’il est lui-même Hardigras et on l’arrête. Mais il s’avère qu’il a en fait été trahi par un de ses lieutenants intéressé par l’héritage de Supia.

Clin d’œil au personnage du gentleman cambrioleur, nouvel exercice sur le thème du double, ce roman provençal (défini comme tel par l’auteur) est avant tout une œuvre légère reprenant les principales inspirations de Leroux.
 

(41) 1924. LE NOËL DU PETIT VINCENT-VINCENT (Nouvelle)

Cyrano n°9 (17 août 1924) à 11 (31 août 1924).  — Dans Histoires épouvantables (Nouvelles Ed. Baudinière, 1977).  — Dans “Bouquins” V.

Des parents ruinés se sont eux-mêmes cambriolés et assassinés pour que leur fils, Vincent, hérite de leur assurance-vie. Mais la compagnie ne paiera pas.

Courte nouvelle à chute basée sur un récit ménageant le suspense.
 

(42) 1924. NOT’OLYMPE (Nouvelle)

Cyrano n°18 (19 oct. 1924) à 20 (2 nov. 1924).  — Dans Histoires épouvantables (Nouvelles Ed. Baudinière, 1977).  — Dans “Bouquins” V.

Une jeune femme qui a numéroté de 1 à 12 ses prétendants est bientôt tenue pour responsable de la mort de plusieurs d’entre eux. Sa dernière victime se défend et l’empoisonne. Hélas, elle était innocente ; le coupable étant le n°12 !

Nouvelle à chute où Leroux joue, une fois de plus, sur le quiproquo.
 

(43) 1924 ? LA FEMME AU COLLIER DE VELOURS (Nouvelle)

Feuilleton in Cyrano.  — Dans Histoires épouvantables (Nouvelles Ed. Baudinière, 1977).  — Dans “Bouquins” V.

Un mari trompé guillotine sa femme  il est antiquaire  et l’on prétend que seul le collier de velours qui lui serre le cou empêche sa tête de tomber. Et ce sera finalement le cas quand le mari pourra enfin achever son œuvre.

Cette nouvelle permet à Leroux de situer l’action en Corse où il fit plusieurs séjours et de rapporter une vendetta.
 

(44) 1925. L’AUBERGE ÉPOUVANTABLE (Nouvelle)

Cyrano n°54 (28 juin 1925) à 58 (26 juil. 1925).  — Dans Histoires épouvantables (Nouvelles Ed. Baudinière, 1977).  — Dans “Bouquins” V.

Un couple s’arrête dans une ancienne auberge sanglante que son nouveau propriétaire a transformé en curiosité touristique. Un autre couple, plus mal logé, les prévient du danger : on va les assassiner ; ils fuient. Le lendemain, les autres les remercient pour avoir cédé leur place mais on n’entendra plus jamais parler d’eux ; alors que la femme du premier couple meurt des suites de sa fuite sous la pluieÉ

Nouvelle à rebondissement et à la chute tragique où Leroux reprend le thème si souvent exploité de l’auberge du crime.
 

(45) 1925. LE COUP D’ÉTAT DE CHÉRI-BIBI (Roman)

Chéri-Bibi : Le Marchand de cacahouètes. Le Matin, 16 juil. - 4 oct. 1925.  — Le Coup d’Etat de Chéri-Bibi. Baudinière, 1926 [version différente].  — LGF, “Le Livre de Poche” n°4092, 1974.  — Dans “Bouquins” IV.

Jacques du Touchais est devenu un brillant militaire et un homme politique influent, baptisé le Subdamoun. Avec ses partisans, il tente de prendre le pouvoir. Mais son 18 Brumaire échoue et il est arrêté. Une Convention s’installe ; les clubs ont tout pouvoir dans Paris. Papa Cacahuètes, qui n’est autre que Chéri-Bibi, père de Jacques, parvient à le sauver de la guillotine. La Révolution s’évanouit et Jacques, apprenant qui est son père, abandonne la politique. Chéri-Bibi, lui, part pour les Etats-Unis.

Cet ultime épisode des aventures de Chéri-Bibi est une étonnante reconstitution de la Révolution française. Mais l’intrigue est plus criminelle et sentimentale que politique (comme ce sera le cas pour Les Mohicans de Babel). Et l’auteur laisse une fin ouverte que malheureusement il n’exploitera pas. A noter que, dans la première version parue en feuilleton, l’action se déroule à Nonenbourg et à Priskoff, en Strasie (république imaginaire d’Europe centrale), alors que, dans la version en librairie, elle se passe à Paris et à Versailles (*).

(*) Des coupures ont également été effectuées pour cette seconde version.
 

(46) 1925. LA MANSARDE EN OR (Roman)

Le Journal, 11 déc. 1925 - 21 janv. 1926.  — Dans “Bouquins” I.

Jacques Sidre est devenu le poète Annibale d’Aquitaine, auteur d’un scénario de cinéma qui plaît à la belle comédienne Béatrice Lichstenstein, dite Bitché. Celle-ci propose de financer le film par l’intermédiaire de son riche amant Tychsen. La situation est en fait une répétition du scénario lui-même et si Jacques parvient une première fois à se détacher de cette femme qui le fascine, la seconde fois, il plonge totalement dans la folie de sa propre œuvre lors du tournage du film dont il est aussi l’acteur. Il finit par tuer Tychsen comme devait le faire son personnage et meurt sous la guillotine devant les caméras d’actualité.

Mise en abyme de son propre récit, ce roman de Leroux peut également être compris comme une confession sur sa carrière ratée d’homme de cinéma. Mais aussi sur sa carrière de poète, puisqu’Annibale est à la fois poète et auteur d’un scénario. C’est surtout une des œuvres les moins prenantes de Leroux.
 

(47) 1926. LES MOHICANS DE BABEL (Roman)

Le Journal, 17 juil. - 19 sept. 1926.  — Baudinière, 1928 [révisé].  — Humanodes Associés, “Bibliothèque aérienne”, 1977.  — Dans “Bouquins” IV.

Dans une France en ruines où fleurissent les associations de malfaiteurs, Milon-Lauenbourg, patron de l’URB, une banque dont le gouvernement ne peut plus se passer, devient chef du gouvernement. Il s’appuie sur Dumont, nouveau ministre de la police, qui veut en finir avec le mystérieux M. Legrand, chef d’une vaste organisation criminelle internationale. Mais il a pour adversaire le jeune député Corbières, chef d’une ligue anti-parlementaire, que rallie bientôt sa propre fille, Sylvie. Toutefois, le pire est l’action de Barnabé Ternisien, le fondé de pouvoir de l’URB, avec lequel il pense que sa femme le trompe ; ce qui le conduit à la tuer. En fait Barnabé s’est vengé de celui qui lui avait pris celle qu’il aimait. Il n’avait pas hésité, auparavant, à se servir de l’URB pour devenir... M. Legrand ! C’est Dumont qui prend le pouvoir tandis que Corbières dirige désormais une ligue extra-parlementaire.

Œuvre inspirée des procès politiques que Leroux a suivis à la fin du siècle, ce roman de politique-fiction reprend aussi le thème de la société secrète chère aux « grands maîtres  ». Comme pour Le Coup d’Etat de Chéri-Bibi, les éléments criminels et sentimentaux y jouent un grand rôle (*).

(*) Egalement, comme pour Le Coup d’Etat de Chéri-Bibi, Leroux a effectué une révision de son texte pour l’édition en librairie.
 

(48) 1927. MISTER FLOW (Roman)

La Véritable aventure du célèbre Mister Flow. Le Journal, 12 janv. - 25 fév. 1927.  — Mister Flow. Baudinière, “Les Romans des Grands Quotidiens”, 1927.  — LGF, “Le Livre de Poche” n°5208, 1979.  — Dans “Bouquins” V.

Antonin Rose, jeune avocat stagiaire, se voit embauché de force comme complice du mystérieux Mister Flow, l’Homme aux cent visages. Celui-ci lui fournit une fausse identité sous laquelle il rencontre la troublante lady Helena qui l’entraîne dans la profession de cambrioleur. Cette vie d’aventures, avec ses hauts et ses bas, plaît à Antonin qui se retrouve finalement seul et comprend qu’il a été berné. Il répond néanmoins de nouveau à l’appel qu’il reçoit et se retrouve accusé de meurtre. Finalement, il reprendra sa véritable identité pour attendre en vain de revoir lady Helena...

Cet ultime roman écrit (en totalité) par Gaston Leroux ferme en quelque sorte la boucle de son œuvre. A l’image de Théophraste Longuet, Antonin alias Mister Flow est un double. Mais cette fois, le jeu de l’auteur est plus complexe car la frontière entre les différentes personnalités est beaucoup plus floue. Et pourquoi ne pas voir là une confession imaginaire ?
 

(49) 1927. LES CHASSEURS DE DANSES (Roman)

Le Journal des Voyages (Larousse) n°89 (20 janv. 1927) à 104 (1er sept. 1927) [achevé par Charles de Richter].

Célestin de la Volette, membre de l’Institut, part en Afrique avec des professeurs de danses pour tenter de retrouver des danses primitives qui lui permettraient d’approfondir l’histoire de l’humanité. Il est accompagné de son neveu et de deux Africains civilisés : la danseuse Mishi et l’officier Pa Diala. Il y a encore avec eux Thomassi, l’imprésario de Mishi, et Enzeli Pacha, qui se fait passer pour son mari. Sur le continent africain, l’expédition, dispersée, découvre malgré tout la ville de Maô, d’où Mishi est originaire. Mais Pacha, qui est le traître, tente alors de massacrer tous ses compagnons avec l’aide des Touaregs. Ce sont toutefois Célestin, son neveu, Mishi et Pa Diala qui sont vainqueurs. De retour à Paris, Mishi se poignarde en exécutant une danse sacrée très attendue.

Ecrit par Charles de Richter, ce dernier titre de la carrière de Gaston Leroux est en fait une bien pâle copie du reste de son œuvre. Le récit linéaire, basé sur une intrigue simple, ne rappelle absolument pas le foisonnement habituel des autres romans.
 

(50) 1928. L’AGONIE DE LA RUSSIE BLANCHE (Articles)

Editions Jeanne Gaston-Leroux, 1928.  — Editions des Autres, 1978 [augmentée].  — Julliard, 1991.

Recueil d’articles écrits à Saint-Pétersbourg entre le 15 mars 1905 et le 10 mars 1906.
 

(51) 1985. DU CAPITAINE DREYFUS AU PÔLE SUD (Articles)

UGE, “10/18” n°1711, 1985.

Anthologie d’articles du Matin établie par Francis Lacassin. Elle comprend les comptes rendus de l’expédition Nordenskjöld, des procès anarchistes et du procès de révision de Dreyfus.
 

(52) 1990. POULOULOU (Roman)

Michel Lafon, 1990.

Les Lavardens, réunis dans leur château familial, sont victimes de mystérieux assassins, tandis que Madeleine, fille du second fils, se voit appelée Pouloulou par une bande que dirige une femme, Shoua. Florent, fils des anciens jardiniers, dérobe de l’argent et tente d’imposer son amour à Nicole, cousine de Madeleine. Il finit par être chassé mais reçoit l’aide de Shoua, grâce à qui il fait fortune dans le pétrole du Caucase. Il peut ainsi venir en aide au gendre de Lavardens pour lui éviter la ruine. Mais, en fait, il manœuvre pour le faire chanter et obtenir la main de Nicole, sa fille. Les Lavardens seront sauvés par Pouloulou, fille naturelle de l’aîné des Lavardens, dont la mère, une bohémienne, a été sacrifiée, et dont la famille, avec sa sœur Shoua, a tenté de se venger. Pour finir, Pouloulou redevient Madeleine, petite-fille du vieux Lavardens.

Si la Grande Guerre ne s’était pas déclarée, ce roman paraissait logiquement en 1914 ou 1915 (*), et alimentait la thématique de Leroux à propos des bohémiens (déjà présente dans La Reine du sabbat) et de la Russie, avec un sérieux clin d’œil au thème du meurtre en local clos. Les événements en ont décidé autrement et l’auteur a reporté bon nombre des éléments de ce livre dans le dernier épisode des aventures de Rouletabille (Rouletabille chez les bohémiens) où toutefois l’intrigue s’avère bien différente.

(*) Francis Lacassin estime dans sa préface qu’il a été rédigé en 1914.